Entretien réalisé par
Nicolas Gauthier.30 octobre 2019.
Vous venez de consacrer votre dernier hors-série de
Valeurs actuelles aux « vérités interdites » sur l’Algérie française. Près de
60 ans après l’indépendance, il y a encore des « vérités interdites » ?
Qui sait que le
FLN – toujours au pouvoir en Algérie – a massacré plus de 200.000 Pieds noirs
et harkis de 1954 à la fin 1962, dont la plus grande partie après les accords
d’Évian ?
Qu’il s’est rendu
coupable d’effroyables exactions et tortures de masse notamment à l’encontre de
la population musulmane qu’il prétendait vouloir « libérer » ?
Qui se souvient que Paris a vécu durant cette même
période une vague de meurtres et d’attentats sans précédent dans son histoire –
entre 6.000 et 7.000 morts ?
5 juillet 1962 à Oran : un crime d’État.
3.000 Européens massacrés sous les yeux du général
Katz et sur ordre du chef de l’État français de l’époque, de Gaulle. Article
publié le 04.07.2015 par Manuel Gomez - Ecrivain
Qui ose rappeler que la quasi-totalité des chefs de l’OAS
et des personnalités pro-Algérie française furent d’authentiques résistants de
la première heure en 1940 ?
La première des
vérités interdites, qui englobe toutes celles que nous traitons, c’est que nous
vivons depuis 57 ans sous le joug d’une vérité officielle qui n’est autre qu’un
gigantesque mensonge d’État.
Vous parlez de
tortures et d’exactions du FLN, apportez-vous des preuves ?
Nous reproduisons plusieurs dizaines de documents classés
« confidentiel » et « secret défense » qui l’attestent.
Certains révèlent des faits ahurissants, qui, lorsqu’ils
étaient évoqués, étaient systématiquement niés, tels ces Françaises envoyées
dans les bordels d’abattage du FLN ou ces prisonniers utilisés comme «
réservoir à sang », jusqu’à leur mort, pour les soldats de l’armée de la
pseudo-« libération ».
Mais nous révélons aussi les incroyables complicités dont
les terroristes ont bénéficié du côté du pouvoir, à Paris :
-l’action
meurtrière des barbouzes, la quasi-impunité des « porteurs de valise », tous
libérés après les accords d’Évian,
- l’interdiction
faite à la Croix rouge par Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes du
général de Gaulle, de visiter les camps de détentions d’européens tenus par le
FLN,
- ou encore ces
cas de civils français échappés des geôles ennemis et rendus à leurs bourreaux
L’armée française
– cela est avéré – s’est aussi rendue responsables d’actes de tortures…
Certes, pour autant il faut là aussi rétablir la vérité :
cela fut sans commune mesure avec le nombre et la barbarie des exactions du
FLN.
Comme l’a reconnu plus tard le très gaulliste général
Massu « il y avait des risques et des accidents se sont produits.
Mais ce n’était tout de même qu’une pression physique,
même violente, utilisée pour le renseignement immédiat et ne dégradant pas
l’individu ».
Rien à voir avec les abominations du FLN dont témoignent
les documents que nous publions :
infanticides, viols collectifs, émasculation, corps déchiquetés, yeux crevés…
Vous consacrez un
article aux « guillotinés de Mitterrand »…
C’est un autre tabou français.
Interrogez les Français sur Mitterrand et la peine de
mort, immédiatement on vous répondra :
1981, Badinter et l’abolition.
Or le même Mitterrand, ministre de la Justice, de juin
1956 à mai 1957, s’est montré à cette époque l’un des plus farouches partisans
des exécutions capitales.
Sur les 45 peines de morts à l’encontre de terroristes
FLN qu’il a eu à « traiter » durant cette période, il ne s’est prononcé en
faveur de la clémence qu’à huit reprises !
C’est à lui,
notamment, que l’on doit l’exécution du communiste Fernand Iveton, devenu
depuis, avec Maurice Audin et quelques autres, l’une des icônes de la
repentance…
D’où vient, sur la
guerre d’Algérie, cette omerta que vous dénoncez ?
Du postulat de base, imposé par la doxa gaulliste, puis
propagé ensuite par les médias bien-pensants et l’esprit de repentance :
- les Français d’Algérie – une terre qui a pourtant été
française bien avant Nice et la Savoie ! – sont coupables, forcément coupables
;
- et le FLN victime, forcément victime.
Au nom de la « raison d’État », non seulement le pouvoir
a laissé faire les massacres, mais il les a souvent cautionnés.
Tout un symbole :
le général Katz, qui a laissé tuer plus de 700 Pieds noirs à Oran le 5 juillet
1962, a été décoré un mois plus tard par le ministre des Armées Pierre Messmer
en personne de la Croix de la valeur militaire, avant d’être promu général
quatre, et cinq étoiles.
Puis, dans les
années 1070, d’être élu conseiller général de l’Allier sous l’étiquette gaulliste…
Hors-série Valeurs actuelles « Algérie française, les
vérités interdites », 132 pages, 10,90 euros
Disponible en kiosque et sur
boutique.valeursactuelles.com.
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