Par Jacques-Marie Bourget – 31/12/2018
Depuis qu’il a quitté l’Elysée – mais l’a-t-il vraiment
quitté ?
– Alexandre Benalla est marqué à la culotte par le
Mossad.
© Copyright 2018, L'Obs Alexandre Benalla. Image
d'illustration.
Pourquoi diable ?
Tous les services secrets du monde, mais en particulier
celui d’Israël, rêvent d’avoir sous la main un homme qui a partagé l’intimité
des puissants.
C’est le cas de Benalla qui, pendant plus de dix-huit
mois a vécu dans l’ombre du couple Macron et, à la fois, au cœur d’une machine
pas banale, la Présidence de la République Française, cinquième puissance
mondiale et membre du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Quand Mitterrand est arrivé au pouvoir en 1981, même si
Tonton et ses amis, depuis longtemps, avaient épuré toutes les archives
concernant leur maître, le Mossad avait, lui, récupéré des kilos de papiers.
Pas tous valorisants pour l’histoire secrète de celui qui
arrivait au pouvoir.
Vichy, bien sûr. Mais pas seulement.
Et ce n’est pas pour le seul amour de la carpe farcie que
Mitterrand a réservé sa première visite d’Etat à Israël.
Ce Benalla, et ses secrets même petits, n’a donc pas de
prix.
Et le Mossad, prêt à guider le demandeur d’emploi, est
informé de tout ce qui tourne autour de cet Alexandre.
Les dirigeants tunisiens cèdent l’exploration et
l’exploitation de la richesse du sous-sol à un escroc israélien.
24 FÉVRIER 2010
Et c’est un agent israélien, travaillant sous couverture
dans un aéroport parisien, qui a été le premier informé d’un transfert de 294
000 euros touchant le gendarme Vincent Crase, ami et complice de Benalla, un
argent issue des comptes d’oligarques caucasiens.
Philippe Hababou Solomon, le mentor d'Alexandre
Benalla. (DR)
Mieux, le même observateur croit savoir aujourd’hui
qu’une autre somme, cette fois de 600 000 euros, venue de la même source, est
arrivée sur des comptes au Maroc.
Rien ne dit que cet somme soit destinée, de près ou de
loin, au chômeur de l’Elysée.
Mais autour du malheureux Benalla, l’argent circule.
Enfin, les israéliens ont fait « tamponner » Benalla par
un de leurs amis, agents, correspondants, l’incroyable Philippe Habadou
Solomon.
Le genre d’homme que le Mossad adore.
Il suffit de le sonner, il est prêt à donner la main même
si la prison est au bout.
Cette fois Solomon, lui aussi doté d’un passeport
diplomatique, a accepté, pour le compte du Mossad, de jouer les parrains de
Benalla.
L’Afrique étant un vieux terrain de jeu des ambitions
d’Israël, hors même le commerce du diamant, la carrière de la jeune recrue
devait commencer par la tournée des petits ducs.
Ces corrompus et potentats qui étranglent les peuples de
tout un continent.
L’autre cour de récréation, bien plus petite où il doit
être amené à jouer, c’est l’émirat totalitaire et esclavagiste du Qatar.
Allez savoir comment, la diplomatie israélienne laisse, à
Doha, ce Solomon jouer un rôle d’ambassadeur occulte…
Benalla pourra toujours s’y occuper des footballeurs du
Mondial de la honte, en 2022.
Une chose acquise, le tricotage de certains journalistes
« investigateurs » parisiens qui entendaient désigner Alexandre Djouhri comme
nouveau coach ou apporteur d’affaires de Benalla sont allés dans le mur.
En réalité, pour révéler un secret d’état, les deux
Alexandre se sont croisés au « Zuma », un restaurant japonais de Londres, la
cantine d’un Djouhri gravement cardiaque et condamné aux sushis.
Sachant que l’ami de Dominique de Villepin déjeune ici
chaque jour, Benalla (qui vit à Londres) a un jour réservé une table au « Zuma
» pour, enfin, rencontrer l’homme dont la presse affirme « qu’ils se
connaissent ».
C’est en allant se laver les mains que Djouhri est tombé
sur le chômeur de l’Elysée…
Puisque nous sommes en période de fête, et que les
soirées peuvent être longues -et parfois tristes-, nous vous soumettons, comme
un bonus, un résumé de la carrière du nouveau « papa » de Benallla.
Rassurons-nous, le disciple est à bonne école. Etonnant
que, pris d’une crise de pudeur subite, « Le Monde » se soit limité à présenter
le gourou de l’ex « épaule gauche » de Macron comme rien de plus « qu’un ancien
conseiller de l’ancien président d’Afrique du Sud »…
Il est pourtant plus et pire que cela.
En 1990 Philippe Habadou Solomon, quarantaine bien mise,
tient commerce de joaillerie place Vendôme à Paris.
Mais tout le monde n’est pas Van Cleef et la boutique
fait pschitt.
Peu soucieux d’assurer le service après faillite, Solomon
part aux Etats Unis alors que la France va le condamner pour la légèreté de sa
gestion bijoutière.
Il a confiance en son avocat, Thierry Herzog, le
conseiller de Sarkozy.
« Attention, je ne connais pas Sarkozy, on a juste passé
des vacances avec lui et Herzog en 2001 », précise Solomon aux journalistes qui
le questionnent alors.
Aux Etats-Unis, Solomon se recycle dans la gestion
financière.
Bavure, il abonde largement la campagne électorale de
Robert Toricelli, un sénateur proche de Clinton.
Plus tard le néo homme d’affaires va le reconnaitre : «
cette mise de fonds politique était illégale ».
Il est arrêté alors qu’il joue au casino « Taj Mahal »
d’Atlantic City. C’est la prison.
Quand il la quitte, il s’installe en Israël, Tel Aviv
devient sa résidence officielle.
Au passage il se lance dans une opération de sauvetage de
Bernard Tapie « un mec bien ».
Mais voilà que Brice Hortefeux, grand expert dans la
définition des hommes que l’on peut fréquenter, ou pas, conseille à « Nanard »
de « s’éloigner de Philippe ».
Ah bon ! Pourquoi ?
Heureusement il y a « Popaul ».
L’insubmersible Barril qui, lui aussi expert en honnêtes
gens, « tamponne » Solomon pour « l’aider sur la sécurité en Centrafrique alors
que je n’y connais rien ! ».
L’excellent Philippe débarque à Bangui en compagnie de
deux hommes vertueux, Lotfi Belhadj et Christophe Giovanetti.
Franco-tunisien, Belhadj a de l’entregent puisqu’il est à
la fois entrepreneur et diplômé de l’Institut d’Etudes Islamiques de Paris
(aujourd’hui il est l’organisateur de la défense de Tariq Ramadan).
Giovanetti n’est pas un inconnu puisqu’il a, sous Chirac,
organisé un arbre de Noël à l’Elysée et réalisé le logo de l’opération « Pièces
jaunes » de Bernadette.
L’affaire de sécurité ne se fait pas, mais Barril le
branche sur le rachat de la compagnie aérienne Aerolyon.
En France, en 2002, il reprend donc cette société de
transport aérien.
Neuf mois plus tard les ailes déposent le bilan et
Solomon est mis en examen pour « faux, usages de faux et escroquerie ».
Un peu tard la justice découvre que pour acquérir la
société, « le Roi Solomon » a produit de fausses attestations.
Deux documents attestant du dépôt de 8,2 millions d’euros
en garantie, des papiers bidons produits devant le Tribunal de commerce.
D’un tribunal l’autre Solomon passe du commerce au
correctionnel.
En 2004 le TGI de Lyon condamne Philippe Hababou, alias
Philippe Solomon, à trois ans de prison ferme.
Le bienheureux sort en 2005, laissant 254 salariés au tapis.
Bijoutier, homme de sécurité, aviateur… Rien ne marche
trop bien.
Alors pourquoi pas le foot, un monde bienveillant avec
les porteurs de casiers.
Immanquable, Solomon devient l’ami d’Arcadi Gaydamak, un
oligarque russo-israélien intime de la bande à Pasqua, héros de « l’Angolagate
», qui va, comme c’est étrange, passer un peu plus tard une longue année à
Fleury-Mérogis.
Pour l’instant Aracadi et Philippe décident d’installer
le footballeur Luis Fernandez comme entraineur à la tête du club israélien Bétar.
Solomon a joué les agents recruteurs :
« Je connaissais l’agent Jean-Luc Baresi, grâce à Bernard
(Tapie) ».
Baresi ? «Un mec bien, ferait pas de mal à une mouche ».
C’est vrai que lorsqu’on a deux frères fichés au grand
banditisme et que, soi-même, on a été incarcéré pour « tentative de racket et
menace de mort », on est forcément un type au poil.
Finalement, le foot, ce n’est pas ça non plus.
Pourquoi ne pas essayer le pétrole ?
Ca tombe à pic puisque Solomon tombe sur l’admirable
docteur Huu un vietnamien qui, depuis sa terre natale, tente de mettre son nez
dans différents marchés de ce brut qui sent mauvais.
Mais, pour vendre « l’oil » providentielle, Huu n’est
installé que sur son marché national.
C’est peu. Pourquoi ne pas faire mieux et, aussi, vendre
du pétrole en Afrique ?
Philippe Habadou Solomon est bien d’accord :
« Il n’était présent qu’au Vietnam, je me suis dit qu’il
fallait développer tout ça ». C’est vrai que le « tout ça » est une spécialité
de notre héros.
Sort favorable puisque « Nanard », présente à son pote de
prison, un spécialiste, « Loïk », Le Floch-Prigent, l’ancien PDG d’ELF.
Avec sa belle équipe, Le Floch, Giovanetti et Belhadj,
Solomon s’occupe donc du développement d’ATI, la boîte du docteur Huu.
Avec Huu ça avance vite, les bonnes nouvelles
s’accumulent.
Les contrats tombent.
En Tunisie, au Niger, au Congo, en Centrafrique, (Solomon
se présente maintenant comme le consul de Bangui en Israël) les signatures
s’accumulent au bas des promesses d’achat.
Et voilà, comme le barde dans Astérix, qu’apparait
Balkany dans l’histoire.
C’est dire si tout cela est du solide. Eh non.
Il parait qu’en montant leurs trustes et holdings,
Solomon et sa bande ne se sont livrés qu’à une pratique dite de la « bouilloire
».
On doit même à cette « dream team » le plus beau coup réalisé
en la matière.
En juillet 2007 alors que les indices boursiers sont dans
les chaussettes, une société américaine inconnue, ATI Petroleum, écoule 83000
titres au prix de 18 centimes.
C’est la très bonne affaire du moment. Vous n’êtes pas au
courant ?
Le spécialiste de l’exploration du pétrole au Vietnam
devient un dragon et s’apprête à faire exploser le marché du pétrole.
Le temps d’un aller et retour Deauville, la durée d’un
week-end, et voilà que l’action a bondi et frôle les 4 euros.
« Deux sites de
gaz acquis en Tunisie » et hop, le cours grimpe de 1 700 %.
Si ça ce n’est pas du génie, Solomon est honnête homme !
Bien sûr les vétilleux, il y en a toujours, font observer
qu’au pays de Bourguiba il n’y a ni gaz ni pétrole au moindre étage.
Pas grave.
L’important se joue en bourse. Lieu étrange où des gens
fortunés, souvent instruits et méfiants sont prêts à jeter leur argent à la mer
dans l’espoir d’un peu plus. Ou beaucoup.
Et paf ! Comme souvent avec Solomon, malchanceux au
Monopoly, le passage par la case prison est un impératif.
L’équipe est arrêtée à Grasse au cours d’un repas de
loups. Grillé, le franco-israélo- Centrafricain-Tunisien est à nouveau comme
une balle de golf : au trou.
Conter les aventures de Solomon, dit « Le Roi »
occuperait les pages d’un annuaire parisien, on y trouve des carambouilles sur
le carbone, d’autres sur la téléphonie.
Chez lui m’imagination est au pouvoir.
Nous allons donc sauter quelques étapes pour plonger sur
l’un de ses coups les plus dingues : le piratage d’un pétrolier de 234 534
barils depuis le terminal de Cyrénaïque en Libye, en pleine guerre bien sûr.
Philippe, qui n’est pas sectaire avec les opinions ou les
religions, se découvre un lien d’amitié avec Ibrahim el-Jadhran qui fait métier
de djihadiste privé en Libye.
Ce joli barbu
contrôle, plus ou moins, un terminal pétrolier de Cyrénaïque. Solomon
entreprend de présenter ce révolutionnaire à son ami Jacob Zuma, président
extrêmement corrompu d’Afrique du Sud.
Puisque, la roue de la malchance étant tournante, Solomon
n’est plus seulement « consul de Centrafrique en Israël, mais surtout «
conseiller » de Zuma.
Un chef d’état-bis.
La petite bande trouve plaisant que le barbu de
Cyrénaïque puisse, à ce qu’il affirme, jouir du pétrole local. Ainsi, accroché
au pipe d’un terminal de Libye, se trouve le « Morning Glory », plein de ses
250 000 barils de « sweet crude », le caviar en matière de pétrole.
Pas de problème, les djihadistes vont mettre en marche ce
bateau et la bande à Solomon récupérer le trésor pour le livrer à Haïfa.
Quitte à reverser une obole au « pouvoir » Libyen et
autres corrompus…
Le pétrolier fantôme prend donc le large pour se dirige
vers Chypre.
Venus de Tel Aviv en jet privé, Solomon et ses boys se
posent à Larnaka.
Puis, en compagnie de deux membres du Mossad, il embarque
sur un navire.
Ce dernier doit les conduire à la rencontre du « Morning
Glory ».
Mauvaise rencontre ?
Le bateau du « Roi Solomon » doit faire demi-tour. A
Larnaka les policiers chypriotes se montrent soudain curieux, fortement aidés
dans leur investigation par des agents de la CIA et des Forces Spéciales.
Etrangement chanceux, pour Solomon et son équipage, la
sanction judiciaire s’arrête ici.
Prudent comme des Benalla tous les trois sont sagement
dotés de passeports diplomatiques.
Relâchés, les israéliens peuvent regagner leur jet et Tel
Aviv, alors qu’en pleine mer les soldats américains lancent l’assaut contre le
« Morning Glory ». Le hold-up du siècle a échoué.
Jacques-Marie Bourget
31 décembre 2018
Jacques-Marie Bourget, né le 5 juillet 1943 à
Saint-Pierre-Montlimart, en Maine-et-Loire, est un écrivain et journaliste
français. Sur Internet, il publie sur les sites du Grand Soir, Oumma.com,
Afrique Asie, Proche et Moyen Orient.ch et Mediapart, où il tient un blog.
Wikipédia
Date et lieu de naissance : 5 juillet 1943 (Âge: 75 ans),
Saint-Pierre-Montlimart, Montrevault-sur-Èvre
Livres
Ouvrez le ban : congrès de criminels sous l’Arc de
triomphe.
https://revolutiontunisie.wordpress.com/2010/02/24/les-dirigeants-tunisiens-cedent-l%E2%80%99exploration-et-l%E2%80%99exploitation-de-la-richesse-du-sous-sol-a-un-escroc-isr-aelien/