Le port préventif
du masque a contribué à juguler les contaminations dans les pays développés
d’Extrême-Orient, où l’appel à ne pas en porter en France si l’on n’est pas
malade est vu comme une grave erreur.
Le confinement généralisé de la population en France,
après l’Italie et l’Espagne, rend perplexes les pays développés d’Asie.
Ceux-ci voient tout à coup des sociétés aux économies sophistiquées
n’avoir comme seule solution pour contrer l’explosion des contaminations que de
recourir à une méthode primitive, au coût économique immense, que seule la
Chine autoritaire, la première touchée par l’épidémie, a dû mettre en œuvre.
Dans les rues de Taipei, à Taïwan, le
5 mars. CHIANG YING-YING / AP
En serions-nous
arrivés là si nous n’avions pas regardé de haut les mesures prophylactiques
mises en place par les tigres asiatiques ?
Celles-là même qui ont permis à Taïwan, Hongkong, la
Corée du Sud et Singapour, et aussi, jusqu’à aujourd’hui le Japon, de se
protéger d’une propagation exponentielle du virus.
Voire, comme pour la Corée du Sud, de la juguler.
Une telle riposte,
aux allures de ratage, laisse aujourd’hui un goût amer à ces pays qui doivent
désormais se barricader contre l’arrivée de personnes infectées, venues non
plus de Chine directement, mais de pays contaminés dans un deuxième temps.
Tous ces Etats asiatiques ont tiré des leçons de
l’épisode de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) survenu en 2003, du
syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) en 2015 et de plusieurs accès de
grippe aviaire.
Les aéroports de
la région s’étaient alors dotés de caméras infrarouges mesurant la température
des passagers, une mesure écartée en France au prétexte que « son efficacité
n’est pas prouvée ». Les voyageurs ont pris l’habitude de remplir des formulaires
de santé pour les remettre à des préposés en blouse blanche.
Face au Covid-19, ces protocoles ont été très vite
activés et enrichis de nouveaux dispositifs, afin d’établir la traçabilité des
personnes déclarées plus tard infectées.
Des mises en quarantaine ont ciblé les individus venant
de zones infectées, ainsi que des restrictions à l’entrée du territoire – du
moins à Taïwan, Hongkong et Singapour.
La mise à
disposition de gels hydroalcooliques dans les lieux publics et la désinfection
régulière des surfaces ont été la règle depuis le début.
Enfin, les
gouvernements se sont vite assurés que des masques étaient disponibles – tout
en en réservant suffisamment, et de qualité supérieure, au personnel médical.
Certains pays
comme la Corée du Sud ont misé sur le dépistage massif, avec succès.
En France, comme dans le reste du continent, cette chaîne
prophylactique est largement incomplète, du moins vue d’Asie.
Ainsi du port préventif du masque, qui n’est autre qu’un
mode de confinement ambulant et individuel très largement présent dans la
panoplie de la région.
A Hongkong, le
microbiologiste Yuen Kwok-yung qui conseille le gouvernement de la région
autonome et a fait partie de la délégation de scientifiques qui a visité Wuhan
en janvier, a immédiatement préconisé le port « universel » du masque du fait
des caractéristiques du virus, très présent dans la salive : pour se protéger
soi, mais aussi les autres, en raison de la contagiosité de personnes
asymptomatiques ou ressentant peu de symptômes.
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