Par RFI Publié le
22-12-2019
Le président ivoirien, Alassane Ouattara a annoncé ce
samedi la fin prochaine du franc CFA en Afrique
de l'Ouest qui sera remplacé par l'éco.
Un nouvel accord monétaire en ce sens a été signé à
Abidjan. Et
l'éco sera rattaché à l'euro.
Des billets de 500, 1000 et 5000 francs CFA de la
Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). © RFI / Pierre
René-Worms
Les huit pays de
l'actuelle zone franc en Afrique de l'Ouest vont couper les liens techniques
avec le Trésor et la Banque de France.
Ils géreront
eux-mêmes cette monnaie sans interférence de Paris.
Mais la France continuera d'offrir des
garanties en cas de crise monétaire.
L'éco sera rattaché à l'euro.
Alassane
Ouattara lors de l'émission «Le Débat Africain» sur RFI le 3 décembre 2019. ©
RFI
La France, solide filet en cas de crise
économique
« Lorsqu’on
touche au monétaire, on touche au politique », affirme un économiste interrogé
par RFI.
En clair, dit-il,
la dimension politique de passer à l’éco est essentielle et peut rendre
confiance à des pays et à leur intégration.
L’éco reste
arrimé à l’euro. Et la France,
si elle quitte les instances de gouvernance de la monnaie ouest-africaine,
demeure un solide filet en cas de crise économique et financière dans la
sous-région.
« On pourrait
dire que l’Afrique de l’Ouest gagne en indépendance politique, apporte du baume
au cœur aux investisseurs nationaux et préserve un lien étroit avec les
investisseurs étrangers », note un analyste monétaire.
C’est une
première étape, qui, selon cet analyste, est importante, parce que dans un
premier temps, il faut se presser doucement, et dans un second temps, il ne
faut pas aujourd’hui décrocher l’Afrique de l’Ouest de l’Afrique centrale.
Dans un avenir
plus ou moins lointain, assure-t-il, les discussions porteront sur l’éco, non
plus rattaché au seul euro, mais aussi à d’autres monnaies.
La fin du franc
CFA ne va rien changer au quotidien
« C’est une étape
dans la bonne direction parce que cela clarifie le débat. Les Français ne sont
plus dans les organes de gouvernance. Nous choisissons une parité fixe arrimée
sur l’euro, et demandons spécifiquement à la France de garantir cette parité »,
explique Abdourahmane Sarr, économiste sénégalais, président du Centre de
financement du développement économique local (Cefdel).
Pour lui, la fin
du franc CFA est d'abord un moyen de dépassionner le débat autour de la
monnaie unique arrimée à l'euro.
« La discussion
maintenant va changer. Ce sera: est-ce que cet arrimage et cette garantie sont
quelque chose de bien ou pas pour l’économie ?
À ce moment-là,
les économistes pourront débattre sans que le débat ne soit pollué par des
questions qui dans le fond ne sont pas très importantes », analyse-t-il.
L'économiste
sénégalais affirme que la fin du franc CFA ne va rien changer au quotidien « à
part le fait que la perception d’ingérence de représentants de la France dans
les organes de gouvernance ne sera plus là.
Mais dans le
fond, rien n’a changé ».
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