Algérie - Par Fernand Destaing *
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Charles Louis Alphonse Laveran (1845-1922) est un
médecin militaire et parasitologiste français, pionnier de la médecine
tropicale, connu pour avoir découvert, en 1880, le parasite protozoaire
responsable du paludisme. Pour la première fois était mis en évidence que les
protozoaires pouvaient être la cause de maladies. Ses travaux sur le
protozoaire lui ont valu de recevoir le prix Nobel de physiologie ou médecine
de 1907
Le Maréchal
Bugeaud, le plus illustre des Gouverneurs généraux de l'Algérie, n'était pas
seulement célèbre par sa casquette, mais aussi par sa devise « l'Algérie sera
conquise par l'épée et la charrue ». Gloire
donc aux soldats français et aux colons, ces « maudits colons » un million
selon jean Paul Sartre, 12 en vérité comme l'a écrit Germaine Tillon, dont 7000
possédaient moins de 10 hectares.
Maréchal Bugeaud
Gloire aux
médecins, sans lesquels les soldats et les colons n'auraient pu accomplir leur
tâche dans cette Algérie insalubre, sous occupation turque depuis trois siècles
où vivaient trois millions de musulmans sans histoire... le passé est mort
(elle fat mat) et fatalistes (mektoub).
La Mitidja et la
plaine de Bône étaient des foyers de fièvres.
Statuette de François Maillot. Photo Aimelaime
Dans les contingents militaires, un tiers seulement était
disponible; chez les civils, il en mourait un sur dix, à un sur quinze vers
1840.
Or, la plupart de ces malades étaient des fiévreux.
L'entrée
de l' hôpital Militaire Maillot.
Sur 50 266 morts
enregistrés entre 1830 et 1840, on n'en comptait que 1995 tués par l'ennemi.
Et plus de 90 % étaient emportés par la maladie.
Hôpital
Militaire Maillot - Allée Hoche
et Pavillon des blessés.
Dans la Mitidja, 90% de ces malades étaient des fiévreux,
parmi les fiévreux, 8 à 9 sur 10 étaient des paludéens.
Vue aérienne de l'hôpital Maillot, prise en 1938 avec
au premier plan
le cimetière de Saint-Eugene et les immeubles des rues
Cardinal Verdier et Réaumur.
Comme l'a écrit le journaliste Desjobert « le champ de
bataille c'était l'hôpital, l'ennemi, le paludisme »
Honneur donc à Maillot, jeune militaire de
30 ans qui, dans la plaine de Bône imposa la quinine, car sur 5 500 soldats de
garnison, 4 000 étaient déjà passés à l'hôpital pour fièvre.
Avec Maillot ce fut « l'orgie quinine » non pas à 0,20g
ou 0,30g mais à des doses dix fois plus fortes, 2 à 3 g par jour. Maillot
venait de découvrir le traitement du paludisme !
Honneur à Laveran
qui, 50 ans plus tard, en 1880 à Constantine, chez un soldat du train des
équipages remarqua au microscope, au milieu des globules rouges ou hématies,
des filaments mobiles qui disparaissaient après le traitement par la quinine, il
venait de découvrir le parasite du paludisme, l'hématozoaire, mais dût attendre
jusqu'en 1907, le prix Nobel...
Pavillon de fiévreux à l’hôpital du Dey
Honneur aussi à l'Anglais Ronald Ross qui,
en 1898 à Calcutta, aux Indes, démontra que cet hématozoaire était transmis par
un moustique, plus précisément par la femelle de l'anophèle qui, avide de sang
au moment de la reproduction, pique l'homme entre le coucher et le lever du
soleil.
Qu'elle pique un paludéen et deux semaines plus tard, un
bien portant, elle inocule à ce dernier les hématozoaires du premier ... non
sans avoir injecté au préalable un peu d'anesthésique, pour pomper tranquillement
son sang.
Honneur aux frères
Sergent de l'Institut Pasteur d'Alger, installés en pleine région malsaine, à
Birtouta, au coeur de la Mitidja où ils allaient intensifier la lutte contre
l'anophèle.
Capture dans les étangs et les flaques d'eau, grillages
aux fenêtres et moustiquaires autour des lits, guerre aux larves surtout, par
le pétrole pour les asphyxier dans toutes les eux stagnantes et avec des
gambouses, ces petits poissons qui en sont très friands, par des travaux de
focardage et de colmatage dans les oueds... et la Mitidja devint fertile, même
à la Réghaïa, à l'Alma et à l'Oued Djer, tandis qu'on perçait la colline pour
évacuer le lac de Montebello jusqu'à la mer.
On imposa encore la quinine préventive journalière, une
dragée rose à 0,20g, distribuée sur tous les marchés comme à la table des
cafés.
L'œuvre fut immense, les résultats
impressionnants, les jugements définitifs. Le médecin avait été avec le soldat
et le colon, un des trois fers de lance de la conquête.
Sans Maillot, sans Laveran, sans les frères
Sergent, il n'y aurait pas eu d'Algérie française.
Panneau figurant à l’Exposition internationale de 1937
de Paris devenue le Palais de la Découverte
En terre d'Afrique, pourra dire un jour Lyautey « un
toubib vaut un bataillon ». Bettarel médecin des hôpitaux, pourra bientôt
compléter la devise de Bugeaud «
L'Algérie a été conquise par l'épée, par la charrue... et par la quinine ».
Etienne Sergent
Et le maréchal Franchet d'Espérey pourra
lancer aux fêtes du centenaire en 1930, « la lutte contre la malaria aura été
le chef-d'œuvre colonial en Algérie ».
Edmond Sergent
Lorsque nous l'avons quittée en 1962, nous
pouvions affirmer que le paludisme n'était plus un fléau, seulement un
souvenir...
* Fernand Destaing
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