Diogène de Sinope,
également appelé Diogène le Cynique, est un philosophe grec de l'Antiquité et le
plus célèbre représentant de l'école cynique (Sinope v. 413 – Corinthe, v. 327
av. J.-C.).
Il est contemporain de Philippe II de Macédoine, qui le
fit prisonnier après la bataille de Chéronée, et de son fils Alexandre.
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Le philosophe grec Diogène (404-323 av.
J.-C.) assis dans son humble logis, un tonneau en terre cuite dans le quartier Métrôon d'Athènes, allume une lampe en plein jour, signalant
qu'il recherche un homme honnête. Les chiens qui l'entourent, des compagnons du
philosophe, sont emblématiques du cynisme (du grec kynikos, pareil au chien), qui met de l'avant une vie austère.
Disciple de Xéniade et d'Antisthène, il devient le maître
entre autres de Monime.
Parmi tous les auteurs cyniques, c'est sur Diogène que la
légende a accumulé le plus d'anecdotes et de mots d’esprit, issus notamment de
l'ouvrage de Diogène Laërce Vies, doctrines et sentences des philosophes
illustres qui relève du genre littéraire de la chrie, cette foison rendant leur
authenticité douteuse.
Diogène (Diogenes) par John William Waterhouse, 1882,
Galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud (Sydney). L'artiste a représenté la
lanterne, le pithos et les oignons dont le philosophe se nourrit
Les portraits de Diogène qui nous ont été transmis
divergent parfois, le présentant tantôt comme un philosophe, débauché,
hédoniste et irréligieux, tantôt comme un ascète sévère, volontaire, voire
héroïque.
La masse d'anecdotes légendaires sur Diogène de Sinope
montre en tout cas que le personnage a profondément marqué les Athéniens. Il
vivait dehors, dans le dénuement, vêtu d'un simple manteau, muni d'un bâton,
d'une besace et d'une écuelle.
La rencontre de Diogène et d'Alexandre. Bas-relief de
Puget, v. 1689, Musée du Louvre.
Dénonçant l'artifice des conventions sociales, il
préconisait en effet une vie simple, plus proche de la nature, et se contentait
d'une grande jarre couchée sur le flanc — en grec pithos — pour dormir.
Diogenes-statue-Sinop.JPG:
Tony f derivative work: Singinglemon (talk) —Statue of Diogenes, Sinop, Turkey
Diogène avait
l'art de l'invective et de la parole mordante.
Il semble qu'il ne se privait pas de critiquer
ouvertement les grands hommes et les autres philosophes de son temps (parmi
lesquels Platon).
Les apostrophes les plus connues qui lui sont attribuées
sont :
Diogène, détail de L'École d'Athènes de Raphaël.
« Je cherche un
homme » - (voulant dire un homme vrai, bon et sage), phrase qu'il lançait à
ses concitoyens interloqués en parcourant les rues, brandissant sa lanterne
allumée en plein jour et qu'il approchait du visage des passants.
Diogène de Jules Bastien-Lepage, 1873
« Ôte-toi de mon
soleil » - (réplique fulgurante à Alexandre le Grand, roi de Macédoine, qui
était aimablement venu le voir et qui lui demandait s'il avait besoin de
quelque chose, s'il pouvait l'aider en quoi que ce soit... - Oui, ôte-toi de
mon soleil, répliqua Diogène.
Diogène disant à Alexandre le Grand : « Ôte-toi de mon
Soleil. »
Creator:Paride Pascucci
Diogène est le
fils d'Ikésios, banquier de Sinope.
Selon une tradition qui remonte à Dioclès de Magnésie, à
la suite d'une accusation de fabrication de fausse monnaie, son père aurait été
jeté en prison et Diogène contraint de fuir à Athènes.
Selon d'autres récits, ils auraient fui tous les deux.
Dion de Pruse explique dans son VIIIe Discours que
Diogène en arrivant à Athènes s’attacha à Antisthène, non par sympathie mais
pour son message philosophique et sa franchise, et que l'on pouvait le
retrouver tantôt dans la première, tantôt dans l’autre ville.
Diogène fut donc
le disciple le plus célèbre d'Antisthène, fondateur de l'école cynique.
Toutefois, la question reste encore disputée de savoir si
Diogène fut réellement le disciple d'Antisthène, mais il ne fait aucun doute
que c'est à Athènes qu'il prit l'accoutrement et qu'il pratiqua le mode de vie
caractéristique des Cyniques.
Il lui survécut et ne vit pas d'utilité à se trouver un
autre maître.
Diogène et Alexandre, peinture anonyme
Selon Sénèque, confirmé par Juvénal, admiratif, et par
Lucien de Samosate, moqueur, il vit vêtu d'un manteau grossier, le tribôn, va
pieds nus, dort non pas dans un tonneau mais dans un pithos, c'est-à-dire une
jarre de grande taille, ne possédant rien d'autre qu'un bâton et une lanterne
et ne subsistant que grâce aux contributions de ses auditeurs ou mécènes.
Conformément à l'enseignement de son maître, il désirait
vivre et se présentait comme un chien — kunos, génitif de kuôn, terme qui
signifie « chien » en grec ancien (cf. latin canis) —, d'où son autre surnom : Diogène le Chien.
Plusieurs
anecdotes témoignent de son mépris des richesses et des conventions sociales.
Alexandre et Diogène de Pierre Puget
Selon Diogène Laërce, il n'hésitait pas à mendier auprès
des statues afin de « s'habituer au refus ».
Il abandonna son écuelle après avoir vu un enfant buvant
à la fontaine dans ses mains.
Lorsqu'on l'interrogea sur la manière d'éviter la
tentation de la chair, Diogène aurait répondu « en se masturbant », et aurait
ajouté : « Plût au ciel qu'il suffît aussi de se frotter le ventre pour ne plus
avoir faim ! »
On l'aurait également vu parcourir les rues d'Athènes en
plein jour, une lanterne à la main, déclarant à ceux qui lui demandaient ce
qu'il faisait : « Je cherche un homme. »
(parfois traduit « Je cherche l'homme » ou « Je cherche un vrai homme »).
Cet « homme » désignerait celui théorisé par Platon,
l'idéal de l'humain, et Diogène aurait voulu par là réfuter son existence, ne
voyant exister que des hommes concrets.
Une autre anecdote rapporte que, Platon ayant défini l'homme comme un « bipède sans cornes et sans
plumes », le jour suivant, Diogène se promena dans la ville en tenant à la
main un coq déplumé aux ergots coupés, et déclarant : « Voici l'homme de Platon ! »
Alexandre et Diogène de Pierre Puget
Diogène a d'abord vécu en homme libre mais, alors qu'il
se dirigeait vers Égine en bateau, ce dernier fut pris par des pirates.
Mis en vente comme esclave à Corinthe, il déclare au
marchand qui lui demande ce qu'il sait faire qu'il sait « gouverner les hommes », et qu'il faut donc le vendre à
quelqu'un qui cherche un maître.
Il est acheté par un riche Corinthien qui admire son
indépendance d'esprit, et lui rend la liberté.
C'est à Corinthe, où il résidait quand il n’était pas à
Athènes, qu'est située la fameuse rencontre du vieux clochard-philosophe avec
le jeune roi de Macédoine, Alexandre le Grand.
Cet épisode est raconté notamment par Plutarque dans la
Vie d'Alexandre, XVIII, par Cicéron dans les Tusculanes, 5, XXXII, et par
Diogène Laërce dans les Vies des philosophes, Livre VI.
Voici la version
la plus complète de leur conversation :
« — Demande-moi ce
que tu veux, je te le donnerai.
— Ôte-toi de mon
soleil. (« Μικρὸν ἀπὸ τοῦ ἡλίου μετάστηθι. » – « Mikròn apò toû hêliou
metástêthi. » – littéralement : « Tiens-toi un peu à l'écart de mon soleil. »)
— N'as-tu pas peur
de moi ?
— Qu'es-tu donc
?... Un bien ou un mal ?
— Un bien.
— Qui donc
pourrait craindre le bien ? »
Le même Alexandre
aurait avoué un jour : « Si je n'étais Alexandre, je voudrais être Diogène. »
La mythologie a eu raison de la vérité concernant la mort
de Diogène de Sinope, et il subsiste de nos jours plusieurs versions
différentes de la cause de son trépas : il serait mort à cause d'une infection
due à la morsure d'un chien auquel il essayait de dérober son os, pour se
nourrir.
D'autres sources affirment qu'il serait décédé des suites
de l'ingestion d'un poulpe cru, à la suite d'un pari, ou même que, déçu, il
aurait volontairement arrêté de respirer.
Toutes ces versions contribuent à renforcer la légende
selon laquelle Diogène serait mort comme il a vécu, d'une manière peu banale,
et même subversive.
Il meurt en tout
cas à Corinthe âgé d'environ quatre-vingt-six ans, soit un âge très avancé pour
l'époque.
Il avait demandé qu'après sa mort, on jetât son corps à
la voirie, mais ses amis lui firent des funérailles magnifiques.
On plaça sur son tombeau une colonne surmontée d'un chien
en marbre de Paros et sur laquelle on pouvait lire les vers suivants :
« Même le bronze
subit le vieillissement du temps,
Mais ta renommée,
Diogène, l'éternité ne la détruira point.
Car toi seul as
montré aux mortels la gloire d'une vie indépendante
Et le sentier de
l'existence heureuse le plus facile à parcourir. »
Œuvre et pensée
C’est en partie à cause de leurs traits scandaleux que
les écrits de Diogène tombèrent dans l’oubli quasi total.
En effet, Politeia
(La République), ouvrage écrit par Diogène, repris et appuyé plus tard par la
Politeia de Zénon de Cition, s’attaquait à de nombreuses valeurs du monde grec,
en admettant, entre autres, la liberté sexuelle totale, l’indifférence à la
sépulture, l’égalité entre hommes et femmes, la négation du sacré, la remise en
cause de la cité et de ses lois, la suppression des armes et de la monnaie,
l'autosuffisance.
Par ailleurs, Diogène considérait l'amour comme étant
absurde : on ne devait s'attacher à personne.
On lui prête aussi le raisonnement suivant : « Tout
appartient aux dieux ; or les sages sont les amis des dieux et entre amis tout
est commun ; donc tout appartient aux sages. »
Certains stoïciens, pourtant proches du courant cynique
de Diogène, semblent avoir préféré dissimuler et oublier cet héritage jugé «
embarrassant ».
Postérité
Tradition
philosophique
Le stoïcien
Épictète voit en lui le modèle du sage, qui cherche à s'affranchir des
conventions des hommes pour revenir à la nature.
Toutes les anecdotes que l'on raconte de Diogène peuvent
ne pas être authentiques.
On a sous son nom des Lettres qui sont apocryphes.
Elles ont été imprimées dans Epistoles cyntex et
traduites en français en 1545 par L. Dupuis.
Cercidas s'exprime ainsi en parlant de lui après sa mort
dans ses Méliambes :
« Non il n'est plus le Sinopéen de Jadis,
le fameux porteur de bâton,
au manteau plié en deux, qui mangeait en plein air
il est monté au ciel,
après avoir serré ses lèvres contre ses dents
et mordu en même temps qu'elles sa respiration.
Oui, fils de Zeus tu l'étais vraiment,
Tout autant que chien céleste. »
Tradition
picturale
Diogène est traditionnellement représenté associé à des
objets symboliques : l'écuelle, le bâton, la lanterne, la jarre.
Parmi les plus célèbres, on peut citer la représentation
de Diogène par Raphaël, dans sa grande fresque du Vatican appelée L'école
d'Athènes (1509-1512), mais aussi les tableaux de Jean-Léon Gérôme (1860), de
John William Waterhouse (1882) et de D. E. Pugons (1902).
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